mardi 9 décembre 2008

NOUVEAUTE sur Amazon

Sortie pour les fêtes de fin d'année d'un coffret contenant deux cds et un dvd !

Nouveau nez

Les premières fois de Juliette :
- première apparition à New-York pour une soirée de prestige en 1952;
- premier 33 tours quelques semaines plus tard : 1ère référence Philips avec "Juliette Greco chante ses derniers succès" portant le numéro Philips 76000;
- premier Grand Prix du disque de l'Académie Charles-Cros pour la chanson 'Romance' de Joseph Kosma et d'Henri Bassis;
- première "Tournée Canetti" à la rencontre du public en province (en vedette américaine de Robert Lamoureux);
- premier passage aux Trois Baudets avec Pierre Dudan et Georges Brassens
MAIS à toutes ces "premières", il faut ajouter son deuxième ... nez. En effet, en 1952, elle fait raccourcir son nez de manière si spectaculiare que la presse en parle longuement.

Une "chanteuse populaire"

Juliette Participe à son premier spectacle au music-hall, spectacle populaire par essence à l'époque ! Ce spectacle compte douze numéros : la première partie commence avec un duo d'accordéonnistes, ensuite se suivent des acrobates, imitateurs, Maurice Baquet avec son numéro "sport et musique", ... La seconde partie est ouverte par l'orchestre résidant de Bobino et après d'autres numéros, Juliette Greco, la vedette qui ne passe finalement que 23 minutes sur scène : Piaf se contentait de 8 chansons dans les années 50 également. Il faudra attendre 1966 pour que Juliette chante pour la première fois plus de 20 chansons devant un public parisien.
Pour son premier passage à Bobino, la critique de France Soir sera sans ambiguïté : "Greco est réellement une chanteuse populaire, plusieurs classes au dessus de la chanteuse vue à la Rose Rouge.

lundi 3 novembre 2008

Juliette, du cabaret à la radio.

Fin 1950, Juliette est engagée au Vogue, chic cabaret de Rio de Janeiro. Elle aime le Brésil, découvre un nouveau public et fait la couverture de Paris Match.
A son retour, elle rencontre le directeur artistique des disques Polydor, Jacques Canetti, de passage à la Rose Rouge et le 4 avril 1951, elle découvre le studio ou plutôt la salle Chopin, sous la salle Pleyel. La séance est dirigée par le chef d'orchestre André Grassi. Greco bénéficie d'une révolution technologique : la bande magnétique remplace le disque rigide mais on ne maîtrise pas encore le montage et l'enregistrement multipiste. L'orchestre et la voix sont captés ensemble sur la même bande. Greco, plus de 50 années plus tard enregistrera encore de la même façon !
Le programme de ce premier enregistrement est cent pourcent Prévert et Kosma : "Les enfants qui s'aiment", "A la belle étoile", "La belle vie" et "Je suis comme je suis". Le 11 mai, elle enregistre "Les feuilles mortes", "Embrasse-moi", "Amours perdues" et "Sous le ciel de Paris".
Les enregistrements sortiront en septembre pour des raisons commerciales : Philips va devenir la marque principale de la maison de disques et Canetti choisit Greco pour être la première artiste sous ce label.
Entretemps, Juliette Greco se distingue à Deauville avec "Je hais les dimanches" d'un certain Charles Aznavour alors secrétaire de Piaf et de Florence Véran pour la musique. Greco remporte le prix du meilleur texte et le prix Edith Piaf d'interprètation. Il est a noter pour la petite histoire que Piaf avait refusé cette chanson et furieuse, elle accuse alors Aznavour de lui avoir caché sa chanson et décide de l'enregistrer en affirmant : "Je vais lui montrer comment on la chante".
Philips fait enregistrer à Juliette, "Je hais les dimanches" et une autre chanson d'Aznavour et de Pierre Roche "il y avait".
Les disque commencent à passer à la radio sauf la chanson "A la belle étoile", interdite par le comité d'écoute, et le nom de Juliette Greco aborde le grand public.
En novembre 1951, elle passe pour la première fois à Bobino.

Juliette chante "Je hais les dimanches"

Juliette chante "Les Amours Perdues"

dimanche 2 novembre 2008

samedi 1 novembre 2008

"Si elle veut chanter qu'elle chante" (Sartre)




Cazalis expose à Sartre l'idée de faire chanter Juliette au Boeuf sur le toit, "Si elle veut chanter, qu'elle chante" rit Sartre. Elle dit qu'elle n'en a pas l'intention et : "Je ne sais pas chanter et je n'aime pas les chansons qu'on entend à la radio"!
Sartre la convoque chez lui le lendemain et là, il lui remet des recueils de poésie pour qu'elle fasse son choix ! Elle choisit "Notre petite compagne" de Jules Laforgue et "C'est bien connu" de Raymond Queneau qui deviendront "L'Eternel Féminin" et "Si tu t'imagines". A 22 ans, elle choisit de chanter deux leçons de morale ironiques, féroces et drôles. Pour la musique des trois chansons (Sartre a ajouté "Rue des Blancs Manteaux" extrait de sa pièce "Huis Clos"), comme Juliette aime bien "Les Feuilles mortes", Sartre fait appel à Joseph Kosma.
Morte de trac, elle chante ses trois chansons le 22 juin 1949 au Boeuf devant le Tout-Paris.
Elle est alors engagée pour chanter au Club du Vieux Colombier à Antibes où elle retrouve Kosma qui lui donne l'autorisation de chanter "Les Feuilles mortes" et "La Fourmi" qu'il a composé sur un poème de Robert Desnos.
De retour à Paris, elle est engagée à la Rose Rouge, où se produisent les Frères Jacques et Yves Robert et où elle croise des Signoret, Chaplin ou Louis Armstrong. De la robe du soir de velours noir de Balmain, elle retire les ornements pour ne garder qu'un fourreau, "son noir de travail" ! Elle se lie d'amitié avec Henri Patterson, le pianiste de l'orchestre du cabaret qui l'accompagnera pendant une vingtaine d'années.
Le 30 juin 1950, elle enregistre son premier 78-tours, un des rares à trois titres de l'histoire du disque en France : "Si tu t'imagines" sur une face, "Rue des Blancs Manteaux" et "La Fourmi" sur l'autre. Ce disque sort à la rentrée 50 et est assez bien accueilli par les critiques.
En scène, elle est toujours raide derrière son micro, les mains nouées derrière le dos (çà a changé depuis!), et la voix grave mais rabotée par le trac.

Juliette raconte ses débuts

Juliette et les "existentialistes"


Le Tabou va devenir un endroit à la mode fréquenté par la "jet set" de l'époque. Greco est au centre des regards avec ses longs cheveux de noyée, d'un abord assez rude n'hésitant pas à se servir de ses poings pour freiner l'ardeur de messieurs trop entreprenants. Elle n'a encore rien fait que France Dimanche donne son nom (la Juliette du Tabou) dans la liste des femmes les plus séduisantes aux côtés de Piaf, Bacall, ...
Elle se voit comédienne après les expériences dans "Victor ou les enfants au pouvoir" au théâtre ou au cinéma dans "Les Frères Bouquinquant", mais elle est surtout une des voix du Club d'essai de la Radiodiffusion française et avec sa belle voix grave et juvénile, elle enregistre des poèmes.
Elle se lasse du Tabou et déménage au Club Saint-Germain dont Boris Vian est directeur musical. C'est là que le trio Gréco-Cazalis-Doelnitz va se faire remarquer avec leurs frasques.
Juliette a une aventure amoureuse avec Jean-Pierre Wimille, pilote automobile qui se tue en Argentine en 1949. Elle rencontre alors Miles Davis, trompettiste noir qui vivra avec elle pendant quelques semaines une histoire d'amour au grand jour.
Les propriétaires du Boeuf sur le toit font appel à Doelnitz pour redresser les affaires du cabaret. Doelnitz et Cazalis élaborent le programme et suggère à Gréco de ... chanter, ce qu'elle refuse.

Juliette fait la fête au Saint-Germain

Juliette chez Hélène Duc

Juliette va à l'adresse qu'elle connaît à Paris, 20 rue Servandoni où vit Hélène Duc et une communauté de comédiens, d'étudiants, d'artistes de variétés, de Juifs. Là, elle découvre la liberté de moeurs et d'esprit des gens du spectacle mais aussi la misère. Elle aura pour passer l'hiver le plus froid de la guerre un pantalon et une veste donnés par le futur peintre Bernard Quentin, habitant de la pension. Elle laisse pousser ses cheveux pour avoir plus chaud et parce qu'elle n'a pas d'argent pour aller chez le coiffeur. C'est ainsi que le look Greco est né !
A la libération, elle est prise dans un tourbillon de liberté dans le Saint Germain-des-Prés, liberté de s'asseoir sur les trottoirs ou de commencer la nuit au bistrot et de la finir par des promenades dans les rues de ce nouveau "quartier" du VIème arrondissement.
Juliette entre aux Jeunesses communistes en attendant le retour de sa mère et de sa soeur des camps de concentrations. Hélas, sa maman n'a pas la moindre geste pour elle lors de leurs retrouvailles : c'est "la mort de l'enfant" comme le dit Greco.
Juliette a 18 ans et elle se construit une famille de hasard; le philosophe Maurice Merleau-Ponty apprend à danser à Juliette et lui présente ses amis Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. C'est le temps du Flore, du Montana, du Bar Vert, ce temps où une jeune femme qui a quitté l'école à la fin de la troisième fréquente des intellectuels comme Sartre, Beauvoir, Merleau-Ponty ou encore Queneau et Vian.
Greco et ses deux amis inséparables Anne-Marie Cazalis et Marc Doelnitz vont être, au printemps 47, de l'aventure du Tabou, club créé dans la cave d'un bar de la rue Dauphine.

jeudi 30 octobre 2008

Juliette et Charlotte à Paris

Les filles arrivent à la rue de Seine dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés dans un très grand appartement mais à la mort d'Elie Faure, ami de coeur de Madame Lafeychine, il faut chercher du travail et elle rencontre Antoinette, sa future "compagne".
Vient la guerre, les deux femmes et leurs enfants se réfugient dans le Périgord dans une maison qui devient vite une étape dans les réseaux d'évasion de la Résistance. La petite Juliette toujours "mal aimée" de sa maman, devient une enfant difficile, taiseuse et souvent violente dans ses réactions, elle est renvoyée de ses pensions.
Le 8 septembre 1943, les filles trouvent la maison sens dessus dessous et elle se présentent à la Gestapo pour voir leur mère, ce qui leur est refusé, elles prennent alors le train pour Paris.
Elles sont arrêtées par la Gestapo, séparées, enfermées plusieurs semaines à la prison de Fresnes. La mère et la soeur partent pour Ravenbrück mais Juliette, trop jeune pour être déportée est libérée et livrée à elle-même, un jour d'octobre.

Juliette et sa grande soeur Charlotte


mercredi 29 octobre 2008

Juliette et Charlotte à Montpellier et à Bordeaux.

Juliette Greco est née le 7 février 1927 à Montpellier. Son papa, le commissaire spécial Gérald Gréco était chargé de la police des jeux et sa maman, Juliette Lafeychine, était la fille unique d'un architecte et d'une riche héritière.
Juliette Lafeychine a vécu une enfance choyée mais terriblement ennuyeuse pour cette femme qui voulait être artiste et qui avait une grande soif de liberté. Elle voulait étudier aux Beaux-Arts à Paris mais ce n'était pas digne de cette bonne société bordelaise dont faisait partie ses parents. Pour échapper à ceux-ci, elle épouse le premier homme venu, Gérald Greco, ce policier corse trente ans plus vieux qu'elle.
Le couple a une petite fille, Charlotte et trois ans plus tard, naît Juliette ! Ce bébé robuste, au dos large et carré a tout d'un garçon mais en le retournant, on se rend compte que c'est une fille. La déception d'avoir encore une fille a fait que Juliette n'a été aimée qu'un peu, que de loin, que ... parce qu'elle était là !
Juliette n'est encore qu'une enfant quand ses parents se séparent. Sa mère quitte son mari et dépose ses filles chez ses parents à Bordeaux pour aller vivre à Paris. C'est chez les grands parents que Charlotte et Juliette vont passer une partie de leur enfance dans cette grande maison, entourées de domestiques, portant de beaux habits et possédant de beaux jouets mais sans chaleur. Juliette se libère avec son grand-père mais, elle n'a pas dix ans quand celui-ci meurt.